CALLE-GRUBER Mireille
Professeure émérite
Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3
Conférencière d’honneur
« L’écriture en devenir : sur les derniers manuscrits d’Assia Djebar »
Abstract: À annoncer bientôt
BELHABIB Assia
Professeure de l’Enseignement Supérieur
Littérature française, francophone et comparée
Université Mohammed V - Rabat
« La liturgie des mots défendus »
Réfléchir à la liturgie des mots défendus dans un pays où l’Islam est religion d’état pose le problème du sens de la spiritualité vécue dans une société où la référence coranique établit de fait la soumission du croyant à Dieu bien sûr, mais où cette même société impose une hiérarchie dans les rapports entre hommes et femmes. Ces dernières sont appelées à composer avec l’ordre religieux qui est en grande partie entre les mains des hommes. Le Maroc est un royaume qui aborde le XXI ème siècle avec ses mœurs hybrides. Plongeant ses racines dans la tradition la plus ancestrale – berbère et arabe, juive et musulmane, il n’hésite pas à s’accaparer les effets de la modernité la plus audacieuse : une révision du statut de la femme et du code de la famille assouplissant ainsi la rigidité du dogme religieux et permettant une participation plus active de la femme dans la société. Les mots défendus sont ceux imposés aux femmes, et que les femmes détournent par l’effort constant de dire et de vivre le sacré autrement, de briser le silence, de contrecarrer l’interdit. Tenter d’apporter un éclairage par la littérature marocaine de langue française, c’est laisser la subjectivité de la fiction s’exprimer, c’est entendre dan un concert de voix d’écrivaines, la polyphonie des revendications de leurs personnages féminins. Un corpus de six romans vise à revisiter le spirituel, à faire le chemin vers la parole libérée sous l’œil vigilant et bienveillant de l’écrivaine de référence, Assia Djebar. Tendre le miroir social et y introduire la brèche de la rébellion est l’aventure que les écrivaines partagent sur la page d’écriture, espérant conquérir pleinement les territoires défendus.
KAMAL Salhi
Reader in Francophone, Postcolonial and African Studies
School of Languages, Cultures and Societies
University of Leeds
« ‘Immortal’ Djebar: performing legacy and memory at the Académie Française »
This lecture, the first of its kind to address Assia Djebar’s work as a narrative performance, engages with the role of memory in the construction of post-canonical identity, localizing the transformative power of the medium of ‘oral testimony’ to assert self-definitions that have become ‘immortalized’ in the history of the Académie Française. In her personal commemorative or ceremonial narrative, dedicated to the subject of dialogue between past and present, anchored in cultural practice of resistance, the role of differential power structures presents a major factor in configuring the relationship between colonial memory and postcolonial culture. Assia Djebar invites us to problematize context in personal narrative performance and suggest how narrative event or narrated events participate in wider fields of local and global discourse. This lecture, therefore, recognizes that the performance frame itself, oration, encourages a formulation of a premise that the intellectual’s official speech is a performative act of memory that represents a transformational strategy of legacy into post-canon tradition. As a result of the structured strategy, in a theatrically unconventional setting such as the Academy hall, Djebar’s narrative performance reveals canonical culture to be associated with aspects of hetero-normativity; a militant process of power structure to decolonize gender and revitalize cultural memory.
AMROUCHE Fouzia
Maitre de Conférences
Département des lettres et langue française
Faculté des lettres et des langues
Université de M’Sila
« Fadhma Aith Μansour et Marguerite Taos Amrouche
face à la critique littéraire »
Notre étude consistera à examiner deux auteures francophones, précurseurs de la littérature féminine en Algérie ciblant la critique littéraire dont elles ont fait objet. Nous visons particulièrement celle de Jean Déjeux, critique français le plus ancien des spécialistes des plumes francophones du Maghreb, vis-à-vis des écrits des Amrouche, en l’occurrence Fadhma née Aith Mansour et Marguerite Taos. Les œuvres de ces deux dernières sont considérées comme creuset de transmission culturelle et historique. Leurs œuvres relatent l’expérience de l’exil, de la blessure identitaire, l’expérience du passage de l’oralité à l’écriture, de la création à la préservation du patrimoine.
Nous tenterons dans notre propos de mettre la lumière sur le regard que nous qualifions de regard « réducteur » de Jean Déjeux envers la dynamique de résistance et la dimension anthropologique qui nourrissent et animent les itinéraires créatifs des deux auteures au sein de l’émergence d’une littérature francophone algérienne féminine.
BENAMMAR Khedidja
Maître de Conférences
Université Ibn Badiss Mostaganem
« Les nouvelles armes de la fiction : construction du ‘nous’ féminin »
Le parcours intellectuel d’Assia Djebar, femme de lettres maghrébine, suscite l’admiration tant il est hors du commun, et surtout inespéré pour une femme de sa génération. Rien ne prédisposait cette Algérienne, de tradition musulmane, d’éducation bourgeoise, née dans un contexte colonial, à acquérir la renommée qui est la sienne aujourd’hui. Notre contribution interroge la manière dont le texte djebarien réhabilite la parole féminine. Cette reprise de pouvoir est un des enjeux de l’écriture djebarienne, car la finalité est que les femmes prennent la parole et réhabilitent leur statut. Notre réflexion s’articule autour de deux points : 1. Le « nous » sororal qui constitue le pilier de la réflexion djebarienne émerge de l’assemblage de l’écriture et de l’oralité. Il s’agit d’un « nous » dissident, indomptable, guerrier et téméraire qui exhume les vérités. Affronter et agir, serait-il le destin des femmes depuis Agar1 ? La mémoire, le schéma mythologique, les historiettes, les anecdotes forment le socle de connaissance et de compétence de la fiction. 2. La fiction devient le filtre qui aide les femmes à comprendre les mécanismes du patriarcat, à se soulever et à reprendre la parole confisquée. Ce qui était balbutiement dans les écrits de jeunesse, comme par exemple le rapport à la langue et l’autobiographie, grâce l’expérience cinématographique entamée par le film La Nouba des femmes du Mont Chenoua se confirme et devient le thème principal dans les écrits post- filmique : écriture de la maturité.
CHREIM ATA Ghada
Professeur
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Université Libanaise
« De Fadhma Amrouch à Nawal Saadawi etHanane El Cheikh…
des voix féminines arabes bâillonnées »
Notre étude portera sur l’étouffement des voix des femmes de lettres arabes et de leurs écrits. Nous partirons de la première autobiographie algérienne écrite en langue française et relatée par Assia Djebar: Histoire de ma vie de Fahdma Aït Mansour Amrouche, dont la publication a été retardée presque vingt ans à cause des interdits sociaux et religieux. Nous aborderons ensuite l’interdiction des écrits de la militante égyptienne Nawal el Saadawi dont les idées sont toujours d’actualité et qui est soutenue par un vaste mouvement de solidarité internationale. Saadawi a subi des dizaines de procès et des mesures de rétorsion visant à châtier ses audaces et l’empêcher de défier le machisme. En 2007, par exemple, son éditeur, et sous des pressions, a procédé à la destruction de 4.000 exemplaires de sa pièce de théâtre Dieu présente sa démission à la réunion au sommet jugée blasphématoire. Nous passerons ensuite aux écrits de l’écrivaine libanaise Hanane el Cheikh, qui, eux aussi, ont été confisqués dans plusieurs pays arabes, Poste restante Beyrouthet Femmes de sable et de myrrhe sont, par exemple, respectivement interdits en Syrie et dans certaines monarchies du Golfe dans le but de bâillonner cette voix qui s'élève pour dévoiler l’hypocrisie de certaines sociétés, et qui affirme paradoxalement que dans le temps, les femmes au Liban étaient plus libres.
DOUCHET Sébastien
Maître de Conférences en littérature et langue du Moyen Âge
Pôle Lettres et Artes
Aix-Marseille Université
« Discours féministe et relégation de la femme à la fin du Moyen Âge dans la La Faulceté, trayson et les tours de ceux qui suivent le train d’Amours, roman misandre et allégorique »
Mon étude s’appuiera sur une œuvre romanesque de la fin du XVe siècle, anonyme, inédite et très peu étudiée. Ce prosimètre, qui prend le parti des femmes, a été écrit dans le contexte de la querelle qui opposa les partisan du misogyne Roman de la rose de Jean de Meung à ses détracteurs, à commencer par Christine de Pizan, qui défendit la fonction politique et sociale de l’écrivain dans la Cité. Il s’agit d’un roman moral – dont le sujet central est l’amour et les relations entre les deux sexes – met en scène l’oppression de la femme par l’homme. Son originalité est de faire entrer le lecteur dans l’espace de relégation de la femme, de nous ouvrir sa scène mentale, pour faire accéder à l’intériorité et à la personnalité féminines que le discours misogyne tente habituellement d’occulter. Le cœur de la dame y est décrit comme un livre de souffrances, comme un témoignage écrit d’une sensibilité féminine reléguée dans un espace de solitude radicale, loin des vivants : un écrit de femme littéralement enterré et néantisé. Je propose donc d’étudier la tension entre misogynie et misandrie à l’œuvre dans ce texte, mais aussi les procédés par lesquels l’écriture romanesque dévoile et dénonce l’oblitération de la voix et de la sensibilité féminines dans le contexte médiéval d’une querelle qui a largement contribué à fonder une littérature féministe en langue française.
EL OUARDIRHI Sanae & SBIHI Soraya
Université Ibn Tofail-Kénitra, Maroc
« Fikiria, une Emma Bovary maghrébine »
Qu’y a-t-il de commun entre Emma Bovary et Fikiria, l’héroïne de Nina Bouraoui? Il s’agit, tout simplement, d’une histoire de fenêtres. Le motif de la fenêtre est symptomatique des drames qui se trament dans les deux romans. C’est un schème qui, de par son ambivalence même, parce qu’à la fois ouvert et fermé, traduit la condition féminine à des époques et des contextes différents.
Le destin d'Emma Bovary, décidé par sa famille et la société, est de se marier. Celui de Fikria est pareil ; sur décision de son père qui ne lui adresse plus la parole depuis qu’elle est devenue « impure » à la puberté, elle est acculée dans la maison paternelle, en attendant de trouver « preneur ». Fikria est une héroïne qui incarne la jeunesse des filles algéroises des années quatre-vingt, une jeunesse qui ressemble à un long procès qui s’achève dans le sang. Emma est, entre autres caractéristiques, une victime et une image de la condition féminine du XIXe siècle. Des années-lumière sépareraient les deux héroïnes, Emma et Fikiria, cependant, il n’en est rien. Si Emma Bovary symbolise les prémisses de l’émancipation de la femme française, Fikria est quant à elle le symbole des rêves avortés de la femme maghrébine.
FORTIN Jutta
CIEREC (Centre Interdisciplinaire d’Études et de Recherches sur l’Expression Contemporaine), Saint-Étienne
Université de Vienne
« Signer Camille Laurens : la pseudonymie et le désir d’être »
Quand on l’interroge sur son pseudonyme, Camille Laurens répond volontiers qu’à l’origine, le fait de prendre un pseudonyme épicène était intégré à une question de suspens relative à son premier roman, dont la structure est une mise en abyme : le personnage principal achète un livre qui porte le même titre et le même nom d’auteur que le livre qu’a entre les mains le lecteur ou la lectrice. Dans la communication proposée, je voudrais montrer que la prise d’un pseudonyme est en vérité bien plus que la résolution d’une problématique romanesque, et loin d’être simple dans le cas précis de Camille Laurens. D’une part, symboliquement, le refus du patronyme tient lieu d’assassinat d’un père qui, selon l’œuvre de fiction, répondait à la question de savoir s’il avait des enfants : « Non, j’ai deux filles ». Être niée comme enfant, et être dévalorisée comme femme par le père laisse, sinon une blessure toujours douloureuse, du mois une marque évidente dans l’œuvre de Camille Laurens. D’autre part, l’entrée en littérature, avec un pseudonyme, signifiait pour l’auteure une véritable renaissance, ce qu’elle réinterroge notamment à travers le bref récit Louise Labé, publié en 2015, en référence non seulement à la « Sappho lyonnaise », cette poétesse du seizième siècle, qui est restée si mystérieuse que le doute quant à son activité littéraire et la publication de ses ouvrages persiste, mais aussi à Marguerite Duras.
GALVEZ Natacha
Doctorante en philosophie
Université Paris VIII
« Écrits de femmes en prison : entre désobéissance et expression de soi »
Entre désobéissance et expression de soi, les écrits de femmes en prison permettent de donner la parole à ces femmes marginalisées. La population féminine a une place minoritaire en prison, elle est dans un lieu où l'architecture est pensée pour accueillir majoritairement des hommes. C'est pourtant dans ces conditions difficiles que quelques auteures françaises ont su faire émerger leur créativité littéraire afin de se faire entendre, telles qu'Albertine Sarrazin, Audrey Chenu et Brigitte Brami. À travers l'étude de leurs écrits, nous nous demanderons comment par le biais de l'écriture ces femmes ont su s'exprimer et faire de la prison un espace d'émancipation. L'étude comparative des œuvres ainsi que des entretiens ont permis de montrer en quoi ces auteures-détenues parviennent à reprendre le pouvoir sur leur situation. Au travers d'une transfiguration poétique, ces femmes créent un espace de liberté où le quotidien punitif devient une matière littéraire maîtrisée. De plus, la publication des ouvrages est une ouverture vers l'extérieur qui leur permet de s'exprimer et d'acquérir une reconnaissance dans la société. Les mots de ces femmes sont alors une source d'inspiration qui aborde avec vigueur et justesse la condition féminine.
GEORGESCU Irina-Roxana
Université de Bucarest
« L’écriture de l’Histoire dans Les Nuits de Strasbourg d’Assia Djebar »
Dans L’écriture de l’histoire, Michel de Certeau soutient que « Faire de l'histoire, c'est marquer un rapport au temps », indiquant aussi que « Écrire l'histoire, c'est gérer un passé, le circonscrire, organiser le matériau hétérogène des faits pour construire dans le présent une raison; c'est exorciser l'oralité, c'est refuser la fiction ».
En abordant Les Nuits de Strasbourg, roman d’Assia Djebar écrit en 1997 pendant la tourmente de la décennie noire qui a frappé son pays natal, et dont la trame narrative se déroule pendant neuf nuits dans la capitale alsacienne, nous tenterons dans notre communication de montrer comment la dimension de l’Histoire est présente tout au long de l’action romanesque qui se passe en 1989. En effet, la relation entre Thelja, femme algérienne mariée et François, français plus âgée qu’elle d’une part, et, d’autre part, entre son amie juive Eve et son « dernier amour », un allemand constitue sans doute une forme de résistance au fanatisme et à l’intégrisme qui a le plus nourri la volonté de l’écrivaine qui, en recourant à des événements historiques marquants dans le temps passé et présent, réussit à inscrire une grande voix féminine libre et courageuse de l’émancipation des femmes.
GRÖBER Katharina
Doctorante
Chaire des Letres Modernes, Institut de Lettres françaises, italiennes et espagnoles
Université de Ratisbonne, Regensburg
« Les nouvelles d’Assia Djebar en cours de Français Langue Etrangère au lycée allemand – fouilles et réanimation didactiques »
En Allemagne, les programmes scolaires pour la seconde et la terminale du lycée prévoient l’étude de différents textes sous plusieurs angles : Entre autres, il faut thématiser la vie culturelle en France et dans les pays francophones, les aspects de la francophonie, l’identité ainsi que la représentation de l’homme et de la femme. Puisque tous ces aspects – avant tout la représentation de la femme et de la société algérienne – sont abordés dans le recueil Femmes d’Alger dans leur appartement (1980-2002) d’Assia Djebar, la communication propose une étude de ces textes en cours de Français Langue Etrangère. Il s’agit en quelque sorte de textes « enterrés » en ce qui concerne le milieu scolaire allemand qui seront « déterrés » dans un but didactique et de réanimation littéraire. La communication envisage à démontrer à l’aide d’exemples concrets (Nostalgie de la horde, Les morts parlent) le potentiel de l’écriture d’Assia Djebar pour pouvoir discuter avec les élèves la situation des femmes dans la société algérienne d’autrefois et d’aujourd’hui en mettant l’accent sur une comparaison avec la société allemande et l’histoire d’émancipation au fil du temps. La voix d’Assia Djebar aide, telle l’hypothèse, - d’un côté - à éviter des généralisations et des pensées influencées par l’orientalisme, mais aussi – de l’autre côté – à découvrir une société marquée par des contraintes et une solidarité ambiguës qui se distinguent de la société dans laquelle vivent les élèves et qui valent d’être analysées dans une perspective interculturelle.
MARX-SCOURAS Danielle
Professor of French
Department of Italian and French
The Ohio State University
« Requiem pour un Devenir-Algérie: Camus, Djebar, Sénac »
Le blanc de l’Algérie d’Assia Djebar (1995) paraît un an après le roman posthume d’Albert Camus, Le Premier homme (1994) et six ans après celui de Jean Sénac, Ebauche du père (1989). Ces trois œuvres littéraires envisagent une Algérie à venir et dissidente à partir d’un oxymoron, un requiem en opposition à un devenir. Comme Mozart, qui est mort avant d’achever le plus célèbre des Requiem, Camus et Sénac n’ont pas terminé leurs romans autobiographiques, composés à la fin de la première guerre d’Algérie. Camus sera tué dans un accident de voiture le 4 janvier 1960 ; Sénac assassiné à l’arme blanche le 30 août 1973. Ils avaient tous les deux 46 ans.
Il faudra attendre la deuxième guerre d’Algérie, celle de la décennie noire, pour que ces textes ne restent plus enfouis. A cette même époque, Djebar déterre aussi les squelettes de la première guerre dans Le blanc de l’Algérie, ouvrage qui s’ouvre avec un requiem pour ses trois proches assassinés en 1993, et termine par un mémorial au nom d’une « algérianité » qui inclut Augustin, Kateb, Fanon, Camus, Mammeri, Sénac, Djaout, Gréki, Feraoun et tant d’autres, dont nombreux sont ceux qui ont payé de leurs propres vies pour cette dénomination.
A travers un « ‘dedans de la parole’ qui, seul, demeure notre patrie féconde » Djebar cherche « à comprendre le pourquoi des funérailles d’hier, celles de l’utopie algérienne », afin de se joindre à Camus et Sénac dans leur quête pour une Algérie en devenir.
NACIERA Belfar Boubaaya
Maitre Assistante / Doctorante
Département d’Anglais et de Littérature, Faculté des lettres et des langues
Université Mohamed Lamine Débaghine, Sétif 2
« Silencing female voices, a comparative study of Assia Djebar
and Charlotte Brontë »
This article intends to address the writings of Assia Djebar and Charlotte Brontë, two women writers who differ from their female contemporaries in terms of having been educated greatly through the encouragement of their fathers. Within self consciousness of opportunities provided by the patriarch, the writings of these two novelists reveal limits imposed by respect of authoritative figures. At the same time, both writers display transgressions of the normative silence that obedient and submissive women should observe in patriarchal societies. Thus by taking into account Helene Cixous’ essay The laugh of the Medusa in which she declares that women writers «must invent the impregnable language that will wreck partitions, classes, … and codes they must submerge, cut through, get beyond the ultimate reserve-discourse», this article will attempt to analyse parallels in the silencing of female voices and allowing them to speak out at the same time in Charlotte Brontë ‘s Jane Eyre and Assia Djebar’s Nulle Part Dans la Maison de Mon Père. Because these writers chose that female voices cannot be buried, this article will analyse parallels in how female voices resonate every time novels are read.
OIKONOMOPOULOU Christina
Membre du Personnel Enseignant Spécialisé
École des Beaux-Arts, Département d’Études Théâtrales
Université du Péloponnèse, Grèce
« Rouge l’aube ou la résistance théâtrale anticoloniale
et féminine d’Assia Djebar »
Ce travail vise à approcher et interpréter la thématique de la résistance algérienne anticoloniale et féminine dans la seule œuvre dramatique d’Assia Djebar, Rouge l’aube, écrite entre 1958 et 1959. Nous essayerons plus spécifiquement de tracer et d’analyser les paramètres principaux qui résultent de la dramatisation de la lutte du peuple algérien des années ’50 contre l’occupation française par rapport à la réalité référentielle, historique, politique et sociale. Il convient ensuite de réfléchir et d’évaluer les particularités et les originalités stylistiques et esthétiques adoptées dans cette pièce par Assia Djebar. L’étape principale de notre problématique portera sur la valorisation originale de la relation étroite et polyvalente qui unit la résistance patriotique et la contribution féminine. Ceci dit, nous démontrerons que ces éléments circonstanciels sont dramatisés sous une optique d’originalité et de complémentarité. Dans ce cadre, Assia Djebar dote le profil et la finalité de la résistance du peuple algérien de nouvelles perspectives. Il n’est plus question de simple révolte nationale mais d’une opposition collective devant laquelle s’efface toute notion de particularité individuelle. La lutte nationale offre aussi à la femme l’occasion de prouver son apport dynamique crucial. Abandonnant la claustration traditionnelle et patriarcale du foyer et en revendiquant sa propre libération afin de contribuer à la liberté ethnique, l’Algérienne d’Assia Djebar se présente comme une entité indépendante qui, devant l’urgence nationale, prouve sa valeur non pas tant de genre sexué mais surtout ontologique. Récapitulant notre étude, nous ambitionnons de faire émerger les intentions auctoriales, telles qu’elles surgissent de la pièce djebarienne. Dramatisant avec fidélité vraisemblable et même documentaire la réalité de la lutte algérienne anticoloniale, l’écrivaine s’oriente à mettre sur scène une nouvelle vision de la révolte nationale, imprégnée par l’idéalisme collectif et, surtout, par la ferveur efficace de la femme d’Algérie.
PAPASPYRIDOU Ioanna
Professeure assistante
Département de Langue et de Littérature Françaises
Université d’Athènes
« De Colette l’opprimée à Colette l’affranchie »
Statufiée en vieille dame à cheveux touffus écrivant parmi les châles et les chats, Colette (Sidonie – Gabrielle Colette) a marqué la littérature de la première moitié du XXe siècle. Romancière, critique, journaliste, présidente de l’Académie Goncourt elle nous a légué une soixantaine de volumes et plus de 2.000 articles, ainsi qu’une volumineuse correspondance. Elle est aussi connue pour sa vie scandaleuse, sa liberté d’expression, même ses conceptions féministes avant l’heure.
On a pourtant tendance à passer parfois sous silence ses débuts littéraires qui sont assez surprenants. Mariée très jeune à Henry Gauthier – Villars, surnommé Willy, critique musical très influent mais aussi auteur prolifique de romans populaires, Colette servira à son époux de « nègre » pendant un bon nombre d’années. En effet, surpris par ses dons littéraires, Willy lui demande d’écrire ses souvenirs d’école (ce qui donnera Claudine à l’école) qu’il signera sous son propre nom. Colette fera, ainsi, l’expérience d’une femme dominée par son époux, vivant et créant dans son ombre, travaillant pour lui, étant à l’origine même de son enrichissement pendant environ vingt ans (elle signera Willy jusqu’ en 1923).
Notre communication vise à explorer la part de l’autofiction dans la série réussie des Claudine (La Maison de Claudine, Claudine à Paris, Claudine en ménage, Claudine s’en va) que Colette a écrite à l’instigation de son mari. En quoi est-ce que ces romans nous permettent de plonger dans le for intérieur de leur auteur, de connaître sa vie de femme acculée dans l’ombre, se libérant pourtant progressivement de la tutelle de son époux qui, sous prétexte de lui assurer un succès littéraire, l’exploite ? Comment se vengera-t-elle, par son écriture, de cette période où elle demeure inconnue du lectorat (notamment dans son roman Mes apprentissages) ? Et comment se traduit dans ses romans le passage de sa période d’oppression à celle de l’affranchissement, à la création de l’image que nous avons tous d’elle ?
RĂDULESCU Valentina
Enseignante-Cherceuse
Département de Langues romanes et classiques, Faculté des Lettres
Université de Craiova, Roumanie
« Assia Djebar et le voile de la langue : se voiler pour (se) dévoiler »
Le point de départ de notre communication est une affirmation d’Assia Djebar, datant de 1982 et évoquée dans Ces voix qui m’assiègent (Albin Michel, 1999) comme la fulguration d’une évidence : « J’ai utilisé jusque là la langue française comme voile. Voile sur ma personne individuelle, voile sur mon corps de femme ; je pourrais presque dire voile sur ma propre voix » (p. 43)
Fondée sur l’œuvre fictionnelle, mais aussi sur divers textes non fictionnels d’Assia Djebar, notre démarche est structurée autour de trois axes : 1. analyser le « voile » du pseudonyme arabe, qui permet le dédoublement créateur, la projection d’une image autre dans l’espace social et dans celui de l’écriture ; 2. analyser le « voile » du français comme garant de la « libération corporelle » de la femme ; 3. analyser le « voile » de l’écriture en français, envisagé, d’une part, comme espace de refuge dans les « plis » de l’écriture, et, d’autre part, comme espace d’interférences multiples, où vibrent et revivent des voix et des langues depuis longtemps interdites, effacées ou oubliées.
SPIROPOULOU Katerina
Doctorante
Institut Français de Thessalonique /Université Aristote de Thessalonique
« A mon âge je me cache encore pour fumer : de l’écrit au grand écran »
En 2009, Rayhana Orbemeyer, comédienne, auteure, dramaturge et metteuse-en-scène franco-algérienne, résidant en France depuis 2000, nous livre sa première pièce de théâtre en français « A mon âge je me cache encore pour fumer », adapté en 2017 au cinéma par sa propre auteur, réalisé par Michèle Ray-Gavras et tourné à Thessalonique. Comme souvent dans le cinéma - et le théâtre - arabe, on tombe dans l’allégorie et le symbole. Quel est le symbole du hammam qui tient une place particulière dans le quotidien maghrébin et est par ailleurs évoqué dans de nombreux textes des auteurs maghrébins de langue française? Quel est le rôle de la femme dans le film ? Comment passe-t-on de l’écrit à l’écran ? La présente communication ambitionne de répondre à ces trois questions tout en s’appuyant sur les divers destins des femmes présentées dans le film, la symbolique du hammam et la réécriture filmique de la pièce.
SPYRIDOPOULOU Maria
Membre du Personnel Enseignant Spécialisé
Département d’Etudes Théâtrales à Nauplie
Péloponnèse, Grèce
« Ce moi qui n’en est pas un : l’écriture féminine et ses stratégies narratives
dans Ombre sultane d’Assia Djebar »
Dans le prétendu roman Ombre sultane d’Assia Djebar la première narratrice donne la parole à Isma qui tantôt emploie le pronom personnel je en racontant sa propre histoire et tantôt s’adresse à Hatzila, son adversaire fictive, en employant le pronom tu. Cette structure est apparemment dialogique puisqu’elle ne caractérise pas toute l’oeuvre et qu’on y trouve plusieurs récits emboîtés qui ont le statut de nouvelles indépendantes – bien que le je (Isma) y reapparaîsse afin de consolider le procédé de remémorisation des moments cruciaux de l’enfance. De plus, Hatzila n’est pas une vraie adversaire d’Isma (libérée du harem grâce aux idées modernes de son père) mais le pendant idéal d’elle – une femme opprimée qui réussira à se libérer du pouvoir masculin au moyen de ses propres forces.
Il s’agit là d’un des plusieurs avatars et des alter-ego narratifs de Djebar, constituant le miroitement d’un sujet féminin qui s’épanouit vers toute direction englobant les autres sujets féminins. Le va-et-vient du regard devient panoptique en embrassant tous les personnages féminins aux voix étouffées ; cela nous ramène à cette «autre économie qui déroute la linéarité d’un projet, [et] déconcerte la fidélité à un seul discours» (Luce Irigaray). Hélène Cixous a dit justement que quand une femme écrit sans être opprimée, elle met en scène ses autres soi, tous les non-soi dont elle dispose. Dans notre communication nous allons analyser les divers procédés narratifs de cette autofiction (pluralité des discours, métissage des voix, sujet duel/sujet pluriel, ostranenie/obscurcissement de la forme, langage musical en tant qu’«usage mineur»/procédé de déterritorialisation) qui se présente comme un paradigme extraordinaire de l’écriture feminine par excellence : une écriture qui découle d’un sujet qui n’est jamais un et unique, mais pluriel, multiple et a-central.
Le moi narratif devient d’autres moi, moi des autres, un autre moi qui se penche sur les femmes-soeurs en s’énonçant avec de differents pronoms personnels (tu, elle, elles) et en dénonçant leurs peines et leur condition subalterne. Ainsi, il rencontre son image dans son croisement avec les autres sujets féminins tout en confirmant que le trajet de soi à soi n’est pas direct, il doit se solidariser avec les autres femmes et se répandre dans mille identités.
TRIANTAFYLLIDOU Maria
Doctorante
Département de Langue et de Littérature Françaises
Université Aristote de Thessalonique
« Il y a du féminin »
La formule des années 1970 du psychanalyste français Jacques Lacan « La femme n’existe pas » a provoqué la fureur de la part de celles qui croyaient y lire –une fois de plus– leur négation. Néanmoins, par cette formule, ainsi qu’au travers tout un développement théorique et clinique autour de la jouissance féminine, l’Autre jouissance –particulièrement dans le Séminaire 20, Encore– le psychanalyste introduit l’idée de la non équivalence entre « la femme » et « l’homme » : il inscrit le deuxième complètement dans le champ phallique et postule la dimension d’une jouissance non-phallique à laquelle pas nécessairement toute femme a a priori accès, mais sur laquelle les femmes, certaines femmes peuvent nous instruire. Comme le note Lacan, l’absence d’une substance féminine universelle et d’un signifiant censé la représenter implique que les femmes, il faudra les prendre « une par une ».